Alors pour faire simple, je suis une fille de dix-neuf ans. J'ai connu le forum grâce à Bewit (paix à son âme) sur lequel j'étais la magnifique, sulfureuse et adulée Noralie K. Forbes. Je n'ai pas pris de postes vacants bien qu'ils soient tous tentants. Je trouve ce forum vraiment magnifique et original et même si j'étais inscrite depuis plusieurs jours déjà, je n'osais pas poster ma fiche parce que personne ne le faisait. JE suis une grande timide dans l'âme. Je passerais tout les jours et répondrais au rapidement à mes posts que possible (donc pas vraiment de jours précis, je sais j'suis un peu inutile pour les renseignements.) Je commencerais ma fiche cet aprèm' sans faute mais là j'suis occupée (quelle logique j'vous jure).

Avant d'être coincée dans cet endroit des plus bizarres, j'avais une vie. Une mère que je n'avais jamais connu, simplement en photos, un père étouffant et absolument envahissant mais qui m'aimait, je le savais, un fiancé qui était prêt à tout pour moi, des mensonges, des vérités, des éclats de rire et de pleurs, des envies et rejets. J'étais humaine. Mais à présent que je suis coincée ici, j'ai l'impression de n'être que l'ombre de moi-même. Nous ne sommes que des marionnettes à qui l'on donne tout ce qu'elles désirent pour qu'elles ne se rebellent pas. Mais je ne suis pas du genre à rester les bras croisés. Croyez-moi, je sortirais d'ici, mais en attendant, laissez-moi vous racontez quelques faits sur moi.

Minneapolis2007

« Papa, il faut que je te dise quelque chose. » Flanquée d'un sweat trois fois trop grand pour elle, la jeune adolescente de seize ans, triturait les immenses manches qui lui couvraient les mains. Elle ne payait pas de mine comme ça, mais elle était sans doute la plus têtue et la plus acharnée des jeunes filles de son âge. Depuis sa plus tendre enfance, elle avait attendu le jour propice pour parler à son père et maintenant qu'elle venait de franchir le cap décisif des seize ans, elle avait pris son courage à deux mains et était allé voir son père, qui était comme d'habitude en train de faire des réglages sur sa moto. Dès qu'il entendit la voix de sa fille, il se releva, un grand sourire aux lèvres et s'essuya les mains noirs de cambouis sur un vieux torchon qui traînait. D'un mouvement de la tête, il désigna l'engin et sourit. « Elle te plaît ? » La jeune femme haussa un sourcil et haussa les épaules. « Ouais, elle est en plutôt bon état pour une Cross Bones, un peu capricieuse dans les côtes mais avec une superbe pointe de vitesse dans les lignes droites. Si elle est avec un moteur Twin Cam bien sûr. Mais, c''est pas celle du fils à Erik ? » Le père hocha la tête, toujours le sourire aux lèvres, il n'arrivait pas à être plus fière de sa fille que quand elle débitait des noms d'engins mécaniques à toute vitesse. « Je la lui ait rachetée. Son fils a voulu une Nightster 1200... » Il fut interrompu par sa fille qui poussa un cri de dégoût. Il secoua la tête. « Je sais. J'ai eu la même réaction. Enfin bref, cette petite merveille est à toi. » Les yeux de la jeune fille s'écarquillèrent au maximum et elle resta bouche bée un certains moment avant d'avancer lentement les mains en avant au cas où ses jambes menaceraient de se dérober sous elle après la révélation. Elle posa ses mains sur l'engin et un immense sourire s'empara de ses lèvres. Mais lentement, elle se souvint qu'elle avait quelque chose d'important à lui annoncer et les yeux baissés sur la moto et le sourire disparut elle soupira avant de dire. « Merci papa, vraiment je l'adore. C'est sûrement l'un des plus beaux modèles d'Harley qui puisse exister mais... je ne pourrais pas te suivre. » Le père eut un rire d'étonnement. « Mais bien sûr que si, elle est en parfait état de marche qu'est-ce que tu racontes ? » Elle soupira « Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, papa. Ce que je veux dire c'est que d'ici une semaine je rentre à l'université. J'ai déposé ma candidature pour Yale et je viens de recevoir une réponse positive. Il m'accepte dans un cursus spécial avec cours intensif pour rattraper mon retard mais ils m'ont dit que j'étais une élève prometteuse. Je ne peux pas refuser une telle proposition. C'est mon rêve papa... » Imperceptiblement, la main du père c'était refermé sur la clé à molette qu'il tenait et ses lèvres se pincèrent. « Juliet, tu ne peux pas me laisser seul. On forme une famille. Tu es tout ce qu'il me reste... » Sa mère était morte quelques jours après l'accouchement, juste avant le jour de l'an, de « complications inexpliquées » selon les médecins. Bande d'incompétents. A part son père, J. n'avait aucune famille et inversement. La jeune femme releva son regard d'émeraude et fronça les sourcils. « Tu n'as pas le droit de me dire ça. J'ai toujours vécu selon tes envies, maintenant il est temps que je suive les miennes. Et de toute façon j'ai déjà répondu que j'irais. C'est trop tard papa. »

Yale2009

Cela faisait à présent deux ans qu'elle fréquentait la prestigieuse faculté de Yale et pourtant les rumeurs les plus folles continuaient de circuler à son sujet. On disait qu'elle faisait partie d'un gang de motards (bon jusque là ils n'avaient pas tord et le fait de venir tous les jours sur sa Cross Bones n'arrangeait rien à propos des rumeurs), qu'elle avait fait de la prison pour avoir tué son cousin (ou quelqu'un d'autre, cela changeait à chaque personne), qu'elle était à la tête d'un trafic de drogues et qu'elle était elle-même droguée. Tout cela pour dire qu'elle effrayait plutôt les gens avec son look de garçon manqué qu'elle ne se faisait d'amis mais elle se disait que ce n'était pas ce qui était important, les amis, elle n'en avait jamais eu sur le long terme alors à quoi bon s'en occuper à présent ? Elle vivait dans un véritable rêve, tout ce dont elle avait rêvé était en train de se réaliser à force de travail et d'huile de coude. Mais dans le fond, tous les regards en coin qu'on lui lançaient, les messes basses dans son dos quand elle passait, elle ne pouvait pas vraiment les ignorer. Elle avait quitté son père pour vivre un véritable enfer, seule. Et le fait d'être dans les premières de sa promotion à chaque fois n'arrangeait pas vraiment la vision des gens qui en plus lui collait l'étiquette de « chouchou du prof ». Elle passait donc presque tous ses après-midi de libre dans l'immense bibliothèque de la faculté. C'est d'ailleurs là-bas qu'elle se rendait quand elle fut bousculée de plein fouet par un autre étudiant. La violence du choc les fit tomber tout deux sur l'arrière-train tandis qu'une pluie de feuille s'abattait sur eux. La seconde d'après ils étaient tous deux en train d'essayer de trier les feuilles de l'autre pour retrouver celles qui leur appartenaient, se confondant tous deux en excuse. La jeune femme pris une feuille et au hasard et commença à la lire pour voir si elle lui appartenait « Oh, tu es nouveau ici. » Elle continua de lire la fiche se rendant soudainement compte que c'était impoli et indiscret. « Je suis vraiment désolée. C'était déplacé de ma part. » Elle lui tendit le morceau de papier et continua de ramasser celles qui lui était sienne.

Il lui sourit en retour, comme si il n'y avait rien de plus normal et haussa les épaules. « Faut pas t'excuser, c'est humain d'être curieux après tout. Et pour répondre à ta question, oui je suis nouveau. Et totalement perdu si tu veux savoir. Dis, tu saurais pas où se trouve la bibliothèque, il faudrait que je fasse valider ma carte pour pouvoir emprunter des livres ou un truc du genre. » Un fin sourire se dessina sur le visage de la jeune femme tandis qu'elle regardait le bien beau jeune homme se lever, toute feuille en main tandis qu'elle restait à genoux face à lui. Elle fit une pile grossière de ses affaires et alors qu'elle se levait, il lui tendit la main pour l'aider à se relever. Il avait tout du parfait gentleman, le sourire, l'attitude, le parler... Elle accepta sa main avec plaisir et une fois debout lui fit un signe de la tête. « J'allais justement en direction de la bibliothèque, je peux t'accompagner si tu veux. Et on pourra même faire un tour ensemble pour repérer tes classes. Enfin, si tu veux. » Il pencha légèrement la tête sur le côté et hocha par l'affirmative. « Avec plaisir. Au fait, moi c'est Ethan. » Elle lui serra la main. « Juliet. » « Enchanté Juliet. » C'est ce jour-là que J. rencontra enfin son Roméo. Son seul et unique petit ami qui par la suite deviendra son fiancé. Quelle histoire.

Connecticut2010

J'ai vraiment besoin de te parler, Juliet. Pas par téléphone, j'ai quelque chose à t'annoncer et il faut que je le fasse de vive voix. S'il te plaît, rappelle-moi. Elle avait écouté ce message des dizaines et des dizaines de fois. Elle était torturée par l'envie de revoir son père qui semblait horriblement inquiet et sérieux mais de l'autre côté il y avait sa fierté. Sa foutue fierté qui l'empêchait de le rappeler en retour et qui ne cessait de lui passer en boucle le soir où elle lui avait annoncé qu'elle partait pour l'université. « Si tu passes cette porte, ce n'est plus la peine de revenir vers moi. » Et elle l'avait passé cette porte, elle avait pris son futur en main ce qui n'avait pas plût à son paternel et c'est cette fierté qui l'empêchait de briser cette promesse qu'elle s'était faite. Faisant les cents pas dans la cuisine, elle ne cessait de peser le pour et le contre de cette rencontre, se rongeant les ongles au sang, jusqu'à en perde le sommeil. Une main chaude se posa sur son épaule et elle en sursauta. Elle fit face à la personne et pencha la tête sur le côté quand elle vit son fiancé, les yeux encore gonflés de sommeil et le cheveux en bataille face à elle. « Désolée, je t'ai réveillé. » Il fit glisser sa main le long de son bras et lui pris la main dans la sienne, l'attirait contre lui. Elle posa sa tête sur son large torse et se laissa emporter par sa respiration calme. « Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu sais que tu peux tout me dire. » Elle se mordilla la lèvre inférieure et hésita un instant. Elle ne lui avait jamais parlé de son ancienne vie. Le fait de vivre d'hôtels en hôtels, d'apprendre les rudiments de l'écriture dans un bar malfamé ou encore le fait de savoir changer une roue en moins de dix minutes, de préparer n'importe quel cocktail ou bien de savoir jouer aux fléchettes n'étaient pas très reluisant. Surtout quand à côté de ça on ne sait même pas cuisiner un simple steak à la poêle. Pour tout dire, elle avait honte de son enfance et avait été très vague sur le sujet. Elle lui avait dit qu'elle était orpheline et il ne s'était attardé sur le sujet. « C'est une ancienne connaissance qui veut me revoir. Mais ça fait longtemps que je n'avais pas de nouvelles de lui et on ne s'est pas quittés en très bon termes. Je ne sais pas si je dois y aller ou pas. » Il passa une main dans ses cheveux et lui embrassa le haut du crâne. « Tu n'as qu'à suivre ton cœur, et si tu as besoin de quelqu'un pour te soutenir, tu sais que je serais toujours là. Je peux même venir avec toi si tu veux. » Elle s'écarta vivement de lui presque paniquée. « Non, surtout pas. » Elle avala difficilement sa salive et esquissa un sourire qui se voulait rassurant. « Je veux dire. Pas besoin de te déranger pour ça, j'irais tout seule. Mais merci, tu es vraiment un ange. »

Le lendemain elle arriva au point de rendez-vous, la peur au ventre et les jambes tremblantes et elle attendit. Une demi-heure, une heure, deux heures puis trois. Puis l'appréhension se transforma en colère. Pendant toutes ces années, il n'avait pas changé d'un pouce. Il l'avait menée en bateau avec son beau discours du « j'ai besoin de te dire quelque chose » et elle y avait cru. Qu'est-ce qu'elle pouvait être bête. Composant fébrilement le numéro de portable de son père, elle ne fut pas surprise de tomber sur la messagerie. « C'est finit papa, tu entends bien. Finit. Je pensais que tu voulais vraiment changer, j'aurais fait des efforts moi aussi mais apparemment tu n'es pas encore prêt à changer de vie, très bien pour toi. Mais ce n'est plus la peine de m'appeler. Ni pour mon anniversaire, ni pour Thanksgiving, ni pour Noël et encore moins pour l'anniversaire de la mort de maman. Tu comprends ? Je ne veux plus jamais t'adresser la parole. » Elle referma vivement le claquet de son appareil et retour chez elle, encore plus déterminée que jamais à suivre sa propre voie.

PinkBalloon2011

Timidement la jeune femme poussa la porte de la maison dans laquelle elle s'était réveillée en sursaut. Elle ne reconnaissait rien autour d'elle et elle commençait sévèrement à penser qu'on l'avait enlevée pendant son sommeil. Mais si c'était ça, les kidnappeurs n'étaient pas très intelligents de ne pas l'avoir attachée. Alors qu'elle marchait dans la rue, elle remarqua que les couleurs étaient beaucoup plus vive et elle mis ça sur le compte de la luminosité. Elle vit quelqu'un passer en skate et elle voulu l'arrêter mais ce dernier roulait beaucoup trop vite, comme si il était monté sur moteur. Elle poussa un juron et se dit qu'elle se rattraperait sur la prochaine personne qu'elle croiserait. Elle marcha une bonne dizaine de minutes avant de recevoir quelque chose sur la tête. Elle regarda aux alentours. Rien, ni personne. Puis soudain, elle reçu quelque chose dans le dos, de nouveau sur la tête, encore et encore. Cela n'en finissait plus, il y en avait de plus en plus. Elle courut se mettre sous l'abri d'un arbre immense et regarda avec l'air ébahit la scène qui se déroulait sous ses yeux. En ce moment même, il était en train de pleuvoir des bonbons. Oui, des bonbons. Chocolat, fraises en sucre, caramel... Et la belle pourra vous le jurer, ce n'était absolument pas agréable de recevoir ce genre de choses sur la tête. Elle se pinça plusieurs fois pour être sûre de ne pas être en train de rêver mais malgré la douleur qu'elle ressentait à chaque fois, elle ne pouvait pas concevoir que tout cela soit réel.

Puis, sortie de nulle part, une tête apparut dans son champ de vision, à quelques centimètres de son visage et elle hurla. La personne, elle, rigola de sa bonne blague et descendit de l'arbre où elle était perchée. « Je ne t'ai jamais vu ici, tu es nouvelle ? » La jeune femme mis la main sur son cœur pour l'empêcher de sortir de sa poitrine et ne pût que hocher de la tête pour répondre à la question. « Bienvenue à Pink Balloon alors ! La cité des rêves comme je l'appelle. Tu penses à un truc, tu l'obtiens quelques minutes après. C'est vraiment trop génial ! » Juliet secoua la tête et jugea son camarade l'espace d'un instant. « Comment ça vous pensez à un truc, vous l'obtenez ? On est où exactement ? » La personne sourit. « Dans un rêve pardi ! Quoi que, je ne pourrais pas en jurer parce qu'il dure quand même longtemps pour un rêve. Personnellement je suis ici depuis presque trois mois mais jamais je ne partirais d'ici pour tout l'or du monde. » Le visage de J. se décomposa au fur et à mesure qu'elle écoutait les paroles de l'inconnu devant elle. Trois mois. Trois mois qu'il était enfermé dans ce rêve. Non, elle refusait d'y croire. Elle allait se réveiller, ici, maintenant et tout de suite. Elle ferma fermement les yeux et se concentra pour se réveiller. Elle vira au rouge tomate et l'inconnu la secoua. « Wah, j'ai cru que tu allais exploser ! C'était plutôt marrant en fait. Mais si tu essayais de partir c'est pas en retenant ton souffle que tu le feras. Y en a d'autre qui ont essayés... et ils sont toujours là. Bon allez, c'est pas le tout mais j'ai bien envie de faire une baignade, il paraît qu'il y en a qui a imaginé un océan de pudding ! T'imagines, excellent ! » La jeune femme ne sut quoi ajouter et regarda l'inconnu partir sans rien de plus. Mais avec une seule idée en tête, sortir d'ici au plus vite.

Ma vie n'est pas parfaite, loin de là. Mais c'est la mienne, rendez-la moi. Sauvez-moi de cet enfer.