Je m'appelle Irina Demetria. Je suis blonde, bien sûr. Je suis riche, bien sûr. Je suis aussi endormie, et ça par contre, c'est moins bien.
Je nais un jour d'hiver en plein coeur de la Russie. A croire que j'étais prédestinée à être de ces poupées blondes et figées, strictes et incorruptibles, au coeur de glace. Ma mère meurt en me donnant la vie. On regrettera tous, chez les Vodakov, la perte d'Evguenia Pavlinova. Mon père se consolera en me regardant grandir: je suis son portrait craché.
Je nais dans une famille importante. Nous descendons des tsars de Russie. Je porte le sang de Nikolaï Aleksandrovitch Romanov. Comme plus personne ne veut entendre parler des Romanov à cause des bolcheviques, on se fait tout petits. Mais on contrôle toute la Russie. C'est une drôle d'expérience, d'être une petite fille de la haute à Saint-Petersburg.
J'ai six ans. Je ne vais pas à l'école. Il est hors de question que je fraye avec des enfants d'un rang inférieur. C'est l'avis de mon père, personnellement je m'en fiche. Mon précepteur m'apprend le latin, l'anglais, le français, l'arithmétique. Il paraît que je suis plutôt douée. Personnellement je m'en fiche. Parfois ce qu'il me dit m'intéresse si peu que je renverse la table d'étude et pars me réfugier dans la bibliothèque. J'entends mon père dire que je suis trop colérique pour une petite fille bien élevée.
Mon père n'est jamais là. Je sais que je devrais l'aimer, parce que c'est mon père, mais comme je ne le vois jamais, je n'y arrive pas tellement. Je lui ai demandé un jour où était ma mère. Il a montré un tableau au dessus de la cheminée, et a dit que c'était elle. Je trouve ça stupide, on ne peut pas se marier avec un tableau. Je ne peux pas être la fille d'un tableau. Je ne sais toujours pas où est ma mère.
J'ai douze ans. Maintenant j'ai le droit de suivre mon père un peu partout. Je m'asseois à sa droite aux grandes tables d'ébène lustré, je l'écoute. Ou du moins je fais semblant, parce que c'est très ennuyeux. Je découvre que mon père sait très bien parler, et que tout le monde semble captivé. Ce sont des trucs de grands, ils s'y entendent. Moi je m'ennuie, mais je comprends que mon père est très important. Je trouve qu'on mange trop, à ces grandes tables. C'est toujours très bon mais les dîners durent jusque tard dans la nuit, je dois faire tous les efforts du monde pour ne pas m'endormir avant le dessert.
Il paraît que je ressemble beaucoup à ma mère. La cuisinière m'a expliqué qu'elle était morte. Je ne sais pas si je suis triste. J'aurais bien aimé la connaître, elle devait être très jolie. Elle manque tellement à mon père qu'il me cède tout. Je ne m'en plains pas. Comme tout le monde a peur de mon père, tout le monde a peur de moi aussi, et je suis en quelque sorte une princesse de glace qui pourrait fondre à chaque contrariété.
J'ai dix-huit ans. Rien dans mon existence n'a changé avec cette majorité fraîchement acquise. Je fais ce que je veux, comme depuis toujours. Cela fait quelques années qu'on se retourne sur mon passage. Je me permets de donner mon avis à mon père dans des domaines qu'il préférerait garder pour lui seul. Il est égoïste et n'accepte pas la critique. Tel père, telle fille. Je n'ai pas toujours raison, mais ce qui compte, c'est que le monde entier le croie.
Je sais bien que tout le monde ne m'adule pas. Peu m'importe. Je ne veux pas être gentille pour avoir des amis, je ne veux pas caresser les gens dans le sens du poil. Je fais ce que je veux. C'est une doctrine qui m'a toujours bien réussie.
J'ai vingt-quatre ans. Je suis mariée depuis bientôt deux ans. Je ne sais pas ce qui m'a pris. La seule fois où c'est moi qui cède aux instances de mon père. La seule, unique et dernière fois. Je le hais. Piotr Ivanov Adamovitch a tout pour lui: célébrité, beauté, richesse. C'est juste un con notoire et ça, personne ne veut le voir. La rumeur disait qu'il était très amoureux de moi. Ca n'a jamais été réciproque. Et ça devait être une fausse rumeur, vu le zêle qu'il a employé à aller voir ailleurs une fois bien certain que je serais assez décorative.
Je ne suis pas décorative. J'attends. Fauve tapie dans l'ombre, j'attends le bon moment pour frapper et détaler de cette vie en forme de prison dorée.
J'ai vingt-sept ans. Je suis enfin libre. Et encore plus riche qu'avant, si c'est possible. J'ai la vie devant moi. Enfin, il paraît.
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Le six décembre 2011, devant le théâtre Mariinsky, le tapis rouge est déployé pour accueillir la fleur, la crème, le prestige de la société russe.
C'est également l'anniversaire d'Irina. Invitée par le charmant Sergueï Andreïev Beregovoi à une représentation de Casse-Noisette, la voilà qui sort de la limousine, vêtue d'une robe fourreau noire qui fait paraître sa peau presque lumineuse par contraste. Eblouissante, elle foule le tapis de son pas léger, trouve le bras de Sergueï Andreïev et ils se dirigent tous deux à l'intérieur, où deux sièges les mieux placés les attendent. Le sourire qu'arbore Irina Demetria est éclatant. Les journalistes en profitent, la mitraillant de leurs flashes, avant qu'elle ne s'évapore dans le hall d'entrée du Kirov.
Alors que les premiers accords du deuxième tableau retentissent, Irina, qui avait la tête lourde depuis quelques minutes déjà, s'endort. Son corps se relâche, sa tête se pose contre la paroi de la loge, son bras, posé sur celui de Sergueï, tombe. Ce dernier sursaute. La panique s'installe.
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Je ne sais pas où je suis. Ce n'est pas la Russie, il fait bien trop chaud pour un mois de décembre. Je suis peut-être devenue folle, les arbres ont des feuilles aux couleurs improbables. Où est passée la rambarde si rassurante de la loge du Kirov? Un panneau fantaisiste m'alerte que je suis à Pink Balloon. Effectivement, ce n'est pas la Russie.
Ce n'est pas chez moi, et je veux rentrer.
Rien ne me plaît ici. Je n'avais pourtant pas l'impression d'être une petite vieille coincée dans mes habitudes. Je ne sais pas quel est ce pays imaginaire mais ce qui échappe aux lois de la physique n'est en général pas fait pour me plaire. Il suffit que je pense que je peux voler et le sol s'éloigne de moi, et je flotte, et je déteste ça. J'essaye de faire demi-tour, mais je me cogne à de l'air solide. Je réessaye. Encore. Encore, et encore, et encore. Chaque fois c'est la même chose.
Alors je poursuis ma route à l'intérieur de cette ville insupportable. Les gens sont tous timbrés ici. Il faut que je m'en aille.
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Cela fait maintenant un mois qu'Irina est plongée dans un sommeil des plus profonds. A Pink Balloon, elle a fini par se rendre compte qu'elle rêvait. Elle aurait pu aussi le demander à quelqu'un, mais répugne à fréquenter ces imbéciles qui prennent goût à ce délire sans substance.
Depuis qu'elle a mis les pieds dans son rêve, Irina Demetria fait tout son possible pour en sortir. Devenue un mélange intéressant d'enquêtrice, de scientifique et de femme d'affaire, elle a sous sa coupe une équipe de gens qui, comme elle, veulent rentrer chez eux. Elle espère bien percer le mystère de Pink Balloon le plus tôt possible.
Coucou hiboux! J'avais promis que je ne ferai plus jamais de RP (ce qui veut dire que vous feriez peut-être mieux de refuser ma fiche ahahah) mais j'ai été carrément trop emballée sa maman par le concept du truc. Je voudrais également vous prévenir que je ne serai pas là tout le temps, parce que je suis en terminale (donc je passe mon bac, suivez un petit peu bon sang.) et parce que je suis à l'internat, aussi, ce qui fait que je n'ai internet que le week-end. Cela dit j'aime beaucoup Candice Accola, j'aime beaucoup les Russes, et j'aime beaucoup la colère. Soyons plus expressifs. Je m'appelle Pauline, je suis fan d'Apollinaire (là normalement vos yeux ont fait haut-bas et vous vous êtes dit "waw quel jeu de mot"), je suis en terminale littéraire, je galère à mort et quand je regarde Ian Somerhalder, j'ai envie qu'il me fasse des enfants. (ouais, carrément.) Et j'aime bien les bouillottes en forme de cochon.