Dès que je suis arrivée ici, je savais que quelque chose ne tournait pas rond. Mais quoi exactement ? Je n’ai malheureusement pas la réponse. L’atmosphère ? Les autres ? Quelque chose semblait de l’ordre du doucereux, du subtil… tout comme de celui de l’aseptisé. Depuis combien de temps suis-je à Pink Balloon ? Trois jours, peut-être une semaine. Non, trois jours ; du moins est-ce que je me donne à croire qui m’offre comme un semblant de maîtrise temporelle sur cet univers qui semble totalement m’échapper. Pourtant… Pourtant tout m’y est familier, comme si j’avais toujours été ici. Néanmoins je me refuse à l’admettre, quand je fouille dans ma mémoire, des images me reviennent, des images qui me parlent vraiment. Des souvenirs. J’ai des souvenirs, j’ai encore des souvenirs. Pourtant ces bribes semblent être de plus en plus lointaines, de moins en moins accessibles…

Une petite fille, moi. Elle se nomme Agathe. Issue d’une famille bourgeoise, elle n’a jamais eu l’attention et l’amour escomptés de la part du couple parental. Mais elle s’est forgée autour de ça, non pas qu’elle ait été malheureuse, bien au contraire ; disons qu’elle n’en était pas vraiment consciente. Après tout, ce que l’on vit à l’enfance semble si naturel. Cependant, par cette éducation sociale rigide et sans grande affection, elle ne chercha jamais vraiment à se faire d’amis à l’école primaire, du moins pas ce genre d’ami que tout le monde a quand il est petit et à qui on offre son affection ; de l’amitié, tout simplement. Les « amis » de la petite fille étaient là pour qu’elle puisse parler avec d’autres, se faire aimer par d’autres que par ses parents, combler un vide, si on peut dire. Ce n’étaient pas des amis, c’étaient des « autres » dont elle avait besoin pour devenir elle.

La vie continue ici. Je n’ai jamais vraiment été attaché aux détails de l’existence que l’on peut mener. Cependant, maintenant plus que jamais, j’éprouve comme ce désir étrange de vouloir accorder de l’importance aux souvenirs. Ils sont le reflet de nous même, notre vie, en somme. Ils sont les évènements qui nous ont forgés, qui ont fait que l’on est aujourd’hui celui que nous sommes devenus. C’est à partir de ces bribes que nous sommes maintenant. A partir des souvenirs on reconstitue l’individu ; on se reconstitue. Ça fait cinq jours que je suis à Pink Balloon. J’ai l’impression de voir des choses que je n’avais jamais vu avant, sans pour autant qu’elles me semblent spectaculaires ou hors du commun. En fait, le plus étrange je crois, c’est que tout me semble totalement naturel. Comme cet arbre qui a poussé en l’espace de deux heures en plein milieu de mon salon, et qui donne des fruits mauves… Pourtant, je n’ai pas planté de graines.

Plus la petite fille grandissait, plus elle comprenait le sens du mot « valeurs », et moins l’image à laquelle il était attaché lui convenait. Jamais Agathe ne remit en cause son statut social familial ; en vérité elle n’en avait pas grand-chose à faire. Ce fut simplement une question d’état d’esprit. Pour l’adolescente qui ne laissait personne pénétrer dans son cœur, mais qui avait pourtant une infinité d’« amis », quelque chose semblait toujours trop plat, toujours trop blanc, trop précieux et trop agaçant. Alors elle commença à marcher en dehors des plates-bandes. Agathe a toujours eu beaucoup d’aisance avec les autres, beaucoup l’entouraient sur lesquels elle exerçait une grande attraction et avait de l’influence. Elle n’avait pas cherché à provoquer cette aura qu’elle possédait et qui ralliait les autres à ses côtés, ou, du moins, qui lui permettait d’exercer un pouvoir d’influence sur eux et leurs actes ; ça s’était révélé naturellement. Il fallait vivre hors-normes ; c’était ce qu’elle voulait, pour elle et pour les autres.

Tout me semble facile ici, pourtant je ne suis jamais satisfaite. Il y manque quelque chose, quelque chose d’essentiel ; mais je ne sais quoi. Toute cette ville me procure une sensation étrange, je ne la comprends pas très bien. Mais dès que je tente de trouver ce pourquoi, une réponse à ma question, une origine à ma réflexion, tout se dissipe dans mes pensées et je me surprends aller m’occuper à autre chose. Et si tout cela ne se jouait que dans ma tête ? Et si tout était des plus normal mais que j’étais trop névrosée pour m’en rendre compte et m’imaginais moi-même tout un tas de choses incohérentes ? Si seulement…

Un jour elle se rendit compte. Elle se rendit compte d’un vide à l’intérieur d’elle, un gouffre dans son monde sentimental. Agathe n’avait jamais aimé, et c’est au commencement de sa vie d’adulte que cette frustration surgit. Mais comment faire pour aimer un individu qui n’est pas soi, avec ses défauts, avec tout ce qui peut nous révulser en lui ? Elle aimait la perfection, et personne ne savait l’être comme elle l’aurait aimé. Elle eut alors l’idée de tenter de remodeler l’autre pour réussir à l’aimer ; mais rien n’y fit. Or plus les années passaient, plus le malaise grandissait. Elle en essaya beaucoup, elle en laissa un grand nombre tomber amoureux d’elle, mais elle ne réussit qu’à s’ennuyer davantage. Alors plus le temps passait, plus elle demeurait seule. C’était une impasse, un gouffre, tandis qu’une envie germait à l’intérieur d’elle, ce désir tant refoulé de vivre une vie normale, avec des gens normaux, aimés, et être aimée en retour ; puis fonder une famille. Autrement dit, vivre dans les « normes ». Toute la révulsion se tourna vers elle-même et ce désir qu’elle essayait tant de cacher.

Non, je n’imagine rien. Tout est là, devant moi, tous ces faits incongrus et étranges. Mes doutes et mes suspicions sur Pink Balloon sont de plus en plus forts. Je ne fais confiance qu’à moi-même. Seulement je me demande si les autres habitants le savent ? Nourrissent-ils autant de soupçons que je le fais, ou vivent-ils dans le monde le plus normal possible ? J’aspire à les mépriser, eux qui passent leur temps à profiter de ce qu’offre en divertissements cette ville. Je ne sais pas pourquoi je suis encore là ; j’y ai pensé hier. Je n’ai trouvé qu’une réponse : je ne réussis pas à partir. Mais pourquoi ? Tout devient de plus en plus confus. Et s’il y en avait d’autre ? Si d’autres ici se croient dans un univers anormal duquel il faut trouver la sortie ?

La femme qu’elle devenait se détesta. Jusqu’au jour où elle tourna sa haine vers les autres, car quitte à ne pas réussir à les aimer, autant faire en sorte de les haïr. C’est comme ça que tout arriva. L’influence, l’impact qu’Enoé produisait sur les autres allait être utilisé contre eux, pour arriver à ses buts, ou pour se divertir. Essayer d’aimer autrui est une cause perdue d’avance ; mais rien n’empêche d’essayer de pervertir autrui, de le changer pour en faire un jouet… Oh non, pas de manipulation ; juste de la perversion, et on regarde ce qu’il advient quand on attire le bonhomme dans son trou. C’est bien plus drôle comme ça, et tellement plaisant de se reposer en regardant faire. Femme redoutable, elle s’éleva en société. Rien ne lui résistait, elle était fière et désinvolte, elle était l’icône de beaucoup, tous l’admirait. Elle trainait derrière elle un bagage de culture effarant, et une grande intelligence ; elle avait l’esprit pour calculer et jouer.

Maintenant je le sais. Du moins le sens-je. Quelqu’un est derrière les manettes de ce petit jeu qu’il semble apprécier et qu’il s’applique à nous faire nous y plaire pour ne pas tenter d’en sortir. Quelqu’un ou quelque chose nous retient ici. Et tout est si absurde, comme le rêve le plus long et le plus fou… « Un rêve ». Et si c’était ça la clé ? Et si tout n’était qu’un rêve ? Il suffirait de se réveiller pour regagner cette vie d’avant, cette… La « vie d’avant » ? Mais quelle est-elle ? Quelle était-elle ?... Je ne me souviens que d'images avant Pink Balloon, je ne sais même plus quand, ni comment je me suis retrouvée ici. Mais une chose est sûre, je dois m'échapper de ce rêve.

Gosh ! Quelle histoire attrayante que Roxx The Daft ! Le coup de foudre, mes amis Je viens de Gossip World, où une publicité vers votre beau forum a été postée. Dans la vie, je suis ? Une femme; je suis actuellement dans l'année de mes 18 ans, tout autant que dans celle du bac d'ailleurs... J'ai une collection de Mon Petit Poney (j'en ai 73 ! ) et j'aime le lait concentré sucré (a)
Vous avez l'air d'avoir une très bonne activité ici; ça me plait ! J'espère très vite faire partie du groupe :)
Et juste un petit commentaire, c'est dommage que l'italique rende automatiquement du rouge, et le surligné aussi d'ailleurs. Pour ma part c'est le procédé que j'utilise pour mettre en valeur des mots en Rp =/
Voilà, c'est tout pour le moment, eh eh !