Maseltov, this is a boy.Un léger rayon de soleil parvint à percer les nuages gris anglais et à chatouiller le carreaux d'une des fenêtre d'une chambre, au deuxième étage d'une maison de banlieue britannique. Progressivement, la lumière se propagea dans la pièce et éclaira doucement le visage poupin d'un nouveau-né de deux semaines qui somnolait dans son berceau, deux visages amoureux l'observant. Tenant sa femme par les épaules, son front contre le sien, Mr Masterson ferma les yeux savourant l'effet de cette naissance sur son moral. Autant dire qu'il ne s'était jamais senti aussi fort, aussi capable de soulever des monts pour un simple sourire de ce gamin.. non, de son gamin. De leur gamin, leur beau petit garçon qui à peine né faisait déjà fondre leur coeur. L'épouse, quant à elle, n'avait d'yeux que pour ce petit être auquel elle venait de donner naissance impatiente à l'idée de passer son congé maternité à le tenir dans ses bras, l'embrasser et le faire rire. Elle imaginait déjà son rire et rien que ça lui arrachait l'un des sourires les plus heureux que son époux avait vu se dessiner sur son visage. Ils avaient eu du mal à l'avoir et à le garder celui-là, après deux fausses-couches, ils avaient presque abandonné jusqu'à ce qu'un test de grossesse soit positif et qu'au terme du quatrième mois le gynécologue ne leur confirme que l'enfant se portait bien. Et finalement il était là et demain tous leurs amis et toutes leurs familles seraient au courant de l'heureux événements et on viendrait le choyer et l'admirer. Et même si ce devait être leur seul enfant, l'accouchement douloureux ayant compliqué certaine chose poussant le chirurgien à ligaturer les trompes de Mme Masterson, ils étaient fous de joie et comblés. Après ça, que pouvait il leur arriver ? Ils avaient touché le fond, du moins ils le croyaient à l'époque alors qu'ils n'avaient fait que l'effleurer, et s'en était relevé plus fort, plus solide et plus amoureux que jamais et Xander - son père avait toujours aimé les prénoms originaux - était le résultat de ces efforts alors son père était certain que son fils serait aussi fort qu'ils l'avaient été. Si il l'avait su .. Non, en fait, si il avait su ce qui l'attendait, il aurait refait exactement les mêmes choses parce qu'au fond, malgré les dures épreuves qui les attendaient, Xander allait lui offrir le rôle de sa vie; être un père modèle.
I have met you once.Dix ans de passés, déjà, et alors que Xander soufflait ses bougies ses parents réalisaient à quel point le temps était passé vite. Il y avait eu les premiers mots, les premiers pas, les premières chutes aussi et les premiers bobos. Puis était arrivé la première rentrée, la première séparation et les larmes à tel point que lors de sa première entrée au cours moyen, Mme Masterson avait ramené son fils à la maison ne supportant pas ses larmes devant les grilles, nul besoin de préciser que le père n'avait pas été enchanté d'apprendre que son fils avait manqué son premier jour. Et puis les choses avaient reprit leur cours normal et les premiers amours de cours de récréation et les premières blessures au coeur. Il avait neuf ans, était follement amoureux de sa camarade de classe et avait même l'intention de l'épouser mais la petite fille avait quitté l'Angleterre pour l'Ecosse et Xander s'était gavé de chocolat pendant trois semaines en braillant que l'amour ça faisait mal. Et puis les premières activités extra-scolaire où le garçon se découvrit une passion pour le théâtre et bientôt la danse de salon. Ça peut vous sembler bizarre ou même ridicule comme idée, mais déjà plus jeune il lui arrivait de danser avec sa mère quand elle était de fort bonne humeur - ce qui arrivait donc souvent soyons honnête - et trouvant son fils plutôt doué, elle avait décidé de l'inscrire à des cours de danse. Surtout que c'était l'époque de la folie Michael Jackson, alors autant dire que Xander n'avait pas trouvé ça honteux et que cela lui servait à attirer l'attention pendant les pauses entre les cours. Quelques pas de danse et hop, il était l'attraction du jour. Autant dire que comme enfance heureuse on aurait pas pu faire mieux et pourtant.. Alors qu'il soufflait ses bougies, il allait être confronté à quelque chose pour lequel il n'était pas préparé; la mort.
On le protégeait des films d'horreurs, ou des chaînes à caractère pornographique sur la télé, on lui interdisait d'aller sur l'ordinateur sans surveillance quant au téléphone portable c'était pas la peine d'y penser, il devait se satisfaire de ce vieux jouer à bille du temps où il traînait encore en couche. On lui interdisait de monter avec des inconnus, d'accepter n'importe quoi des inconnus et de rentrer du sport ou de la danse en passant par des coins isolés où tout pouvait arriver. Autant dire que face au danger, Xander était rôdé ! Mais voilà, on avait oublié de lui dire qu'il y avait quelque chose de plus terrible encore qui restait tapit dans l'ombre à attendre que son index se posa sur une proie. Et ce jour-là, le jour de ses dix ans, la mort avait choisi sa victime; Pitchy, le labrador du petit.
Certes, cela paraissait futile d'imaginer que la mort d'un chien pouvait être pire qu'un kidnapping, mais pour un enfant de cet âge qui n'avait encore jamais fait face à ce genre de chose ce n'était pas rien. Surtout que Pitchy était le meilleur ami de Xander, ce qui valait mieux qu'un ami imaginaire.
Coupant les parts du gâteau sa tante du côté de sa mère leva le bout de son nez quand un crissement de pneu alerta la troupe. Les enfants continuaient de jouer, paisiblement, en comptant les cadeaux qu'avait reçu leur héros du jour mais les adultes avaient le nez collé à la fenêtre et le simple «
Oh non ! » de Mme Masterson avait suffit à réveiller des instincts primitifs chez Xander. Quand on dit que les enfants ressentent vos émotions, on ne plaisante pas.
Le gamin s'était précipité à la porte en appelant son chien, pour finalement sortir en trombe et se jeter sur le trottoir en découvrant que son labrador était couché sur la route. C'était l'incompréhension qui l'avait d'abord tétanisé, parce qu'il ne le connaissait pas ce danger là, ça ne voulait rien dire pour lui. Et puis la peur avait paralysé tous ses membres.. Parce que si l'on pouvait s'endormir de cette façon, si brusquement, alors qui pouvait lui assurer que ça n'allait pas lui arriver à lui aussi. C'en était fini de l'innocence alors que commençait les explications. Et Xander, dans toute sa logique d'enfant, se mit en tête qu'un jour il allait braver ce monstre et le tuer comme l'avait fait le prince face au dragon dans la Bella au bois Dormant que Disney avait sortit. Et pendant plusieurs jours il avait fallu revenir aux vieilles habitudes et raconter des histoires jusqu'à ce que le sommeil vienne parce que Xander avait peur de dormir et de ne pas se réveiller. «
Et si je me réveille pas papa ? » avait il alors demandé à son père venu le border, un verre d'eau à la main. «
Alors j'irais te chercher de mes propres mains dans ton sommeil et te réveillerais. » avait il promis, accrochant son petit doigt à celui de son fils pour sceller la promesse.
And then you show up with your big brown eyes.«
Tu danses super bien !! » tenta une nouvelle fois l'adolescent que Xander tenait dans ses bras, la musique entraînante ayant laissé place à un slow. Le bal du carnaval du collège, sa première vraie soirée depuis que ses parents avaient décidé qu'à 14 ans il pouvait enfin sortir le soir mais sans rentrer tard. Pour cette fête là, il avait eu la permission de minuit parce que de toute façon la fête n'allait pas dépasser les une heure du matin. «
Tu crois que tu pourrais m'apprendre le rock ? » fit la jolie brune, reculant la tête pour plonger ses yeux dans les siens, comme chaque fille avec qui il parlait depuis qu'il avait commencé à changer. Si à l'école il avait été surnommé "bouboule" à cause de quelques kilogs en trop, désormais on se retournait sur son passage parce qu'il avait ce quelque chose que les filles qualifiaient de "mystérieux".. Ce qui en fait n'était que de la gentillesse et un peu de timidité de sa part. «
Pourquoi pas mais ici il y a trop de gens, on risque de se bousculer. » répondit-il sachant pertinemment où tout ceci allait le conduire. Cette fille n'avait cessé de tout faire pour se rapprocher de lui depuis le milieu d'année, sans comprendre que Xander était trop perturbé pour lui accorder plus d'importance.. Perturbé parce qu'il s'ouvrait au monde, évoluait et découvrait l'adolescence et ses problèmes de coeur quotidien. Et depuis trois semaines l'attention du jeune homme était accaparé par son capitaine de basket, ce qui en ajoutait à son mal-être de ces-derniers temps. Il tentait de se convaincre qu'il était simplement triste de voir son camarade partir pour l'Ecosse, et avait peur de ne pas apprécier le nouveau capitaine, mais au fond il ne faisait que se mentir. «
blablabla.. Xandy ? Tu m'écoutes ? » arracha un rictus à l'intéressé qui ne supportait pas les surnoms où diminutif qui impliquait un son en "i" à la fin. S'écartant d'elle, la musique changeant à nouveau, le signe de son capitaine au loin à son attention ne passa pas inaperçu. «
Oui.. Je reviens, continue de t'échauffer ! » non sans la planter là, au milieu de la foule, attirant les regards déjà intrigués et près à lâcher des rumeurs à la minute où la soirée serait finie. Ce que ne savait pas Xander en plus c'était que cette fille avait dit à toute ses copines que ce soir était censé être le grand soir.. Sauf qu'elle ne s'attendait pas à ce que ce grand soir soit seulement une rupture .. Bien qu'en fait ils n'étaient pas vraiment ensemble alors de là à parler de rupture. Enfin bon.
Se frayant un chemin dans la masse d'élève, l'adolescent chercha à nouveau son ami des yeux et le vit passer une des portes qui menaient dans un des couloirs ouest du bâtiment. Et s'arrêtant, il se frotta les paupières.
flashback. 3 jours avant.
« Xan' tu descends ? » son père s'était agrippé à l'encadrement de la porte et se penchait dans la chambre pour voir son fils fermer brutalement son ordinateur portable - cadeau pour ses résultats scolaires -. « Hum.. » avait il seulement répondit, se redressant sur son matelas, assit en tailleur et jouant nerveusement avec le bas de son jean. « Qu'est-ce qui ne va pas fiston ? Tu es étrange ces-derniers temps et on s'inquiète avec ta mère. » tout en parlant le père s'était approché du fils pour le dévisager sans ciller, la sincérité de son inquiétude se lisant aisément sur son visage. « Non rien .. Ça va .. » éluda Xander, roulant des yeux pour ne pas croiser son regard. « Xan' .. Quelqu'un t'embête ? Tu as des problèmes avec un camarade ? » continua-t-il, indémontable arrachant à son fils une moue étonnée « NON !! Non .. non non .. C'est pas du tout ça c'est ... c'est compliqué papa .. Je sais pas quoi dire.. » les larmes au bord des yeux, incapable de dire à son père qu'il avait simplement peur d'avoir l'air d'un monstre si il racontait qu'il éprouvait quelque chose pour son capitaine. « Et bien quand tu seras prêt à en parler, je t'écouterais. » fit seulement son père, incapable lui aussi d'avouer que même si il n'était pas certain d'avoir tout saisi, il avait deviner. « En tout cas, sache que quoique ce soit, je suis derrière toi à t'épauler, parce que tu es mon fils et que je t'aime, peu importe ce que tu choisiras, feras ou diras. » et son bras s'était enroulé autour du cou de son garçon qui s'était redressé sur ses pieds, acceptant l'embrassade. « Allez viens, ta mère va encore hurler si on vient pas mettre la table ! »
fin du flashback.
Rouvrant les yeux, Xander réalisa qu'il en avait perdu la trace du jeune homme et passa la porte pour rejoindre le couloir. Alors qu'il passait devant une salle, il sentit une main l'attraper par le col et le happer dans une des salle de classe vide. Sur le coup, il se mit un peu à paniquer et tenta de s'échapper quand la porte claqua doucement, une main l'empêchant de la rouvrir. Ecarquillant les yeux, Xander releva le nez pour réaliser qu'il s'agissait de son capitaine «
Mathias .. euh .. Qu'est-ce qui se passe ? » un peu mal à l'aise, un peu tendu mais aussi très heureux de se retrouver seul avec lui. «
Hum .. Je vais pas tarder à partir, on se lève tôt avec mes parents demain pour prendre l'avion. » il semblait éluder une partie de la question «
Je .. Je voulais te dire que pour la liste de capitaine pouvant me remplacer j'ai mit ton nom au top. » maintenant il semblait carrément tendu, ce qui n'échappa pas au regard scrutateur de Xander, aussi anxieux à l'idée de se faire de fausses illusions. «
Bin .. merci... mais tu sais .. Je sais pas si ça vaut le coup, t'étais un bon capitaine et je.. » et les lèvres de Mathias se posèrent brusquement sur les siennes, sans lui laisser le temps de finir sa phrase. Ce fut un baiser chaste bien qu'il dura plus de trois minutes. Un peu déboussolé, mais euphorique, Xander se sentit planer pendant quelques secondes avant de retomber lourdement sur terre «
Je .. Je voulais voir ce que ça faisait mais .. hurm .. Si tu en parles à qui que ce soit, je reviens d'Ecosse pour te botter les fesses tellement fort que ça secouera ton cerveau ! ». Un peu effrayé, Xander hocha vigoureusement la tête alors que l'autre lui voler à nouveau un baiser pour le pousser un peu violemment pour dégager la porte et s'enfuir d'un pas rapide.
Lorsqu'il retourna sur la piste de danse, se fut sa meilleure amie qui l'alpagua en s'accrochant à son épaule, l'air rêveur devant le visage trop enjoué de son ami. «
Alors ? » demanda-t-elle simplement, bien qu'au courant de tout ce qui tracassait Xander ces-derniers temps, sans avoir besoin de préciser de quoi elle parlait. Pour toute réponse, il se contenta de déposer un baiser amical sur ses lèvres, fou de joie et de l'emmener sur la piste en riant, les rires de la jeune fille se mêlant aux siens.
And one day, you wake up and you realised that your life is just crap.Pendant les trois années suivantes, Xander fut le capitaine ayant été nommé après le départ de l'ancien par leur coach. On ne l'avait pas choisi simplement parce que son nom était au top de la liste mais parce qu'il s'était fait remarqué par son jeu et son esprit d'équipe ce qui était rare chez un jeune de cet âge. Il était le genre de joueur à privilégier la tactique sur la force et cette méthode portait ses fruits. Sur quatre championnats amicaux, l'équipe de basket de son lycée en gagna trois quant au troisième c'était parce qu'il n'y avait pas assisté, ce qui nous mène à ses l'année de ses dix-sept ans.
Autant dire que sa réputation n'avait atteint son apogée que grâce à sa promotion de capitaine, faisant fondre les pompom sur son passage bien qu'il persistait à refuser de participer à ces clichés comme quoi le joueur phare d'une équipe sortait avec la chef des cheerios. Xander préférait continuer sa vie dans la simplicité, à partager des doonuts au goûter avec sa meilleure amie et à participer aux fêtes de fin de match locaux. Ce fut d'ailleurs à une de ces fêtes qu'il lui arriva l'une des plus belles choses, et sans la plus affreuse à la fois, de sa vie.
Si toutes les filles étaient à ses pieds, il n'y en avait qu'une qui attirait l'attention de Xander, la seule qui jouait la carte de l'ignorance à son égard. Pourtant il était certain qu'il lui plaisait, ça se sentait. Il ne savait pas grand chose d'elle, à part ce qu'on en disait dans les couloirs mais il n'aimait pas prêter attention aux rumeurs, peut être aurait il dut.
«
Beau match. » lui avait elle lancé en s'approchant de lui, un verre de punch à la main lors d'une énième fête organisée chez un des joueurs de l'équipe de Xander. «
Merci. On a eu des difficultés sur la dernière minute mais on a résisté.. » s'était il contenté de répondre, non sans réussir à détourner son regard d'elle, oubliant ses élucubrations pour savoir si il ressentait du désir ou un réel attachement pour elle. «
Ça te dit qu'on s'éclipse ? » avait elle proposé, manquant de faire mourir étouffé le pauvre jeune homme qui avalait de travers. Toussant légèrement, il ne se sentit même pas hocher de la tête et se laissa entraîner par la jolie demoiselle vers les étages supérieurs. C'était le calme plat à l'étage et elle semblait bien connaître la demeure, ce qui ne sembla pas mettre la puce à l'oreille à Xander qui se laissait guider, laissant les lèvres de la jeune fille kidnapper les siennes par moment. La suite, un peu flou, comme si il n'avait plus été vraiment lui se laissant guider par les mains expertes de la jeune fille mais là encore, le fait qu'elle fut si douée pour procurer du plaisir ne sembla pas l'étonner, et l'idée même qu'il n'était pas le premier à coucher avec elle ne lui effleura pas l'esprit. «
Attend, on a pas de préservatif ! » avait il soufflé entre deux gémissements, une petite loupiote rouge s'allumant dans son crâne, «
t'inquiètes pas, je prends la pilule. » et la loupiote de s'éteindre. L'idée qu'il pouvait y avoir d'autres facteurs de risque de la mettre enceinte ne l'avait pas alarmé et il s'était donné à elle, tout comme elle s'était donnée à bien d'autres avant lui.
Autant dire que la douche fut glacée quand trois jours après il tenta de lui parler dans le couloir. Et surtout, la chute ne fut que plus violente en apprenant que mademoiselle collectionnait les capitaines d'équipe.
Alors à une autre fête, Xander testa l'alcool, lui qui d'ordinaire négligé ce genre de chose. La fatigue ? Il la mettait sur le compte des entraînements répétés qu'il faisait subir à l'équipe pour passer sa frustration. Et puis cette fille l'aguicha carrément, une certaine Daniella qui disait avoir seize ans et vu sa façon de se comporter avec lui, il ne mit pas sa parole en doute. Il était agacé et blessé, elle était aguicheuse et mignonne. Alors pourquoi pas. Ils s'éclipsèrent pendant la fête pour conclure, se protégeant comme il fallait depuis qu'une prof s'était mise en tête de leur donner un cours d'éducation sexuelle. Il ne revit pas Daniella et ne sut jamais qu'elle lui avait mentit sur son âge mais il lui en voulut affreusement lorsque trois semaines plus tard, suite à un mal de plus en plus visible les parents de Xander le conduisirent chez le médecin.
«
Votre fils n'a pas simplement une grippe, Mr et Mme Masterson.. Il a le sida. Voilà de la documentation pour .... blabla ... des traitements pour la douleur .. blabla.. » n'écoutant plus, et cherchant un coupable, l'adolescent se mit en tête que cette Daniella était responsable, sa colère occultant le reste des détails. Il y avait bien une responsable à son malheur, mais celle qu'il pensait n'était pas la bonne. Et les choses commencèrent à changer à commencer par le comportement de ses parents qui retenaient leur souffle dès que leur fils s'épluchait une pomme, ou à devenir fou dès qu'il se blessait. Il quitta l'équipe de basket mais continua les cours tant que la fatigue ne se faisait pas trop présente. Et puis au fur et à mesure, il se mit à rater un jour de cours par semaine, puis deux, puis à ne se rendre en classe qu'une fois toutes les semaines et finalement il fut consigné à domicile, suivant des cours par correspondance. Les cachets ne faisaient pas grand chose, à part l'aider à oublier qu'il souffrait physiquement mais le pire c'était dans la tête et dans le coeur. Cette sensation de se lever le matin en sachant que ça n'allait rien changé, alors au final Xander commença à ne plus quitter ses draps, sa mère devant le forcer à en sortir pour au moins se doucher.
«
P'pa .. Tu me promets de venir me chercher si je me réveille pas.. » avait alors lâché à son père alors que ce-dernier en était réduit à devoir laver son fils trop épuisé pour tenir une éponge en main. Les larmes aux yeux, qu'il ravalait avec difficulté, Mr Masterson avait secoué la tête positivement regrettant presque d'avoir un jour fait cette promesse réalisant petit à petit qu'il ne parviendrait peut être pas à la tenir. Et surtout, Xander ne pouvait pas supporter l'idée qu'il allait mourir de cette façon, c'était si peu .. C'était si inconfortable comme idée. Certes il savait qu'il devait mourir un jour mais il s'imaginait toujours que sa mort surviendrait alors qu'il se battait contre un reptile dans la jungle amazonienne ou alors après un super match de basket où il aurait fait gagné son équipe. Mais non, il perdait le contrôle de sa vie, des événements et de son corps.
Si les vingt ans pointèrent le bout de leur nez, la question restait en suspend; combien de temps allait il devoir supporter cette constante tension quand il entrait dans une pièce ? Combien de temps allait il supporter le suspens d'une mort imminente ? C'en était trop, alors un soir, il décida qu'il devait reprendre le contrôle de sa vie, une toute dernière fois.
«
On ne rentre pas tard. » avait répété une énième fois sa mère, embrassant son front avec désespoir, comme si elle craignait qu'il disparaisse en son absence. Peut être qu'au fond elle s'en doutait. «
Oui oui ! Allez vous gaver de homard et autre crustacé et rapportez moi un bout de votre dessert. » feignit il d'un air enjoué mais pas trop, histoire de ne pas mettre la puce à l'oreille. «
Ton amie arrive à quelle heure ? » s'enquit son père après que Xander leur ait promis que sa meilleure amie devait venir lui tenir compagnie, alors que comme toute personne de son entourage il l'avait en quelque sorte bannit malgré ses assauts pour revenir à ses côtés. «
Elle ne devrait pas tarder. » répondit-il, s'enfonçant un peu plus dans son mensonge. Finalement la porte claqua et le moteur de la voiture fit un bruit de moins en moins fort jusqu'à ne plus se faire entendre. Appuyé sur sa canne, puisqu'il sentait de plus en plus de difficultés à se déplacer, Xander s'était rendu dans le jardin pour s'approcher du panier de basket que son père avait planté pour le féliciter de sa promotion de capitaine. Se baissant, il ramassa son ballon et le lança.. Il rata le panier et s'écroula au sol, lamentablement. Se redressant, il passa des doigts tremblants sur son menton égratignait d'où quelques gouttes de sang s'échappaient avant de se faire plus abondantes. Il en aurait presque crié de rage si il ne s'était pas résigné. Retournant à l'intérieur, il grimpa dans la salle de bain, ouvrit la pharmacie et y dénicha la boite de somnifère. La posant sur le bord de la baignoire, il y fit couler l'eau et pendant qu'elle se remplissait il entreprit de se déshabiller avant de réaliser qu'il n'avait pas le force d'enlever plus que le t-shirt. Le menton en sang, l'essuyant sur son t-shirt qu'il laissa tomber en boule sur le sol, il enjamba avec maladresse le rebord de la baignoire et s'allongeant dans l'eau froide, grelottant. Les mains agrippaient sur les rebords de la baignoire, il attendit que l'eau atteigne son cou et coupa l'eau avant qu'elle ne déborde. Serrant les dents pour combattre les grelottements, il attrapa la boite de somnifère et en avala une poignée, les uns après les autres, se forçant à déglutir pour faire passer la pilule sans eau. Finalement, la boite lui glissa des mains et s'échoua dans le bain, alors que Xander se laissait glisser dans l'eau, immergeant complètement la tête pour s'empêcher de respirer, les effets des cachets commençant à agir.
Ce fut son père qui le trouva le premier en rentrant, alertait par les gouttes de sang sur les marches des escaliers. L'ambulance arriva aussi vite que possible sur les lieux mais arrivés à l'hôpital, on tenta de le ranimer mais les séquelles irréversibles semblèrent laisser les médecins sceptiques. Plongé dans un coma artificiel, espérant que les dégâts seraient réversible, ses parents se mirent à pratiquement vivre à l'hôpital.. «
Je vais venir te chercher Xan', je te le promets .. » mais la voix de son père était déjà bien loin.
When the dream come true.Il se souvenait s'être endormi autre part que dans le lit dans lequel il s'était réveillé. Ici, tout était différent et il l'avait bien sentit dès qu'il avait ouvert les yeux. Au début il avait eu du mal, il avait fallut se réhabituer à ne plus être épuisé au moindre pas de course, à chaque montée d'escalier. Il avait fallut réapprendre à vivre normalement parce que Xander avait bien compris ça; ici, qu'importe ce qu'était ce lieu, il n'était plus malade et sa vie ne risquait pas de s'arrêter à n'importe quelle minute. Ici, il pouvait être qui il voulait, recommencer à savourer la vie, à profiter de toutes ces choses qu'il avait négligé dans l'autre monde. Vivre ses vingt ans, puis ses vingt et an quand la première année là-bas fut passée, comme tout jeune homme de son âge et reprendre le basket.
Et surtout rencontrer des gens, rencontrer Alexinna. Il avait été là lors de son premier réveil pour la guider et essayer de la détendre puisque comme tout premier réveil dans cet endroit, elle n'avait pas eu l'air franchement enchantée. La confiance n'était pas venu de suite mais progressivement, tout comme au cours de leurs discussions ils laissaient échapper quelques bribes de leur vie antérieure au rêve. Et peu à peu les secrets éclatèrent et leur vie n'eut plus de secret l'un pour l'autre. Xander avait finit par admettre qu'il avait bien une maladie, ou du moins en avait une dans l'autre monde et la surprise avait été de mise quand la jeune fille ne l'avait pas repoussé.
Quand à lui, il avait apprit pour la vie de princesse d'Alexinna qui avait viré au cauchemar. La mort de son père, la dépression de sa mère, ses propres problèmes de drogue. Alors il prit soin de lui faire aimer cette vie-là, et qu'importait si il devait parfois échouer, au moins il essayait. Au début, Xander agissait ainsi par amitié et parce qu'il continuait de penser qu'elle avait vécu pire que lui, après tout il n'avait pas perdu de père lui.. C'était plutôt son père qui l'avait perdu mais bien vite il avait compris que c'était autre chose qui le poussait à agir ainsi. Pour ses sourires, pour le pétillement de ses yeux.
Et tout deux s'accordaient sur la même pensée; ici ils étaient heureux, dans leur autre vie c'était le calvaire incessant. Et si Xander refusait ou ne s'imaginait pas retourner dans son autre vie, il mettait un point d'honneur à ramener Candace à la raison parce que si il aimait rester ici, c'était aussi parce qu'elle était là et il le savait très bien; Pink Balloon sans elle ce ne serait plus aussi Pink et la vie perdrait à nouveau de ses couleurs.
Parce que même si cela faisait un an qu'il était ici, ce n'était que maintenant qu'il réalisait à quel point cette vie-là lui suffisait. «
Je crois que le meilleur argument que je puisse donner pour t'expliquer pourquoi j'supporte tout ici c'est ça ! » et il écarta les bras devant le coucher de soleil qui se produisait sous leurs yeux, sourire sincère aux lèvres.